Architectes de l’urgence : les premiers enseignements de l’ouragan Irma !

L’analyse des dommages sur les constructions réalisée par l’équipe d’Architectes de l’urgence à Saint Martin laisse apparaître que :

  • Il existe un écart important entre les déclarations catastrophistes initiales (95% de destruction) et la réalité, bien moins sévère en ce qui concerne les dommages sur les bâtiments.
  • Environ 5% des constructions sont détruites ou complètement inutilisables sans la mise en œuvre de travaux très importants.
  • Deux types de désordres majeurs sont à déplorer, les couvertures incluant parfois des éléments de charpente, et les menuiseries extérieures.
  • Les constructions légères les plus exposées sont les plus endommagées.
  • Les menuiseries extérieures types baies vitrées ont été très fortement impactées par les vents forts.
  • De manière ponctuelle en bord de mer, des constructions ont subi les vagues de submersion, ces constructions sont fortement endommagées.

[Découvrez notre vidéo sur les dommages causés par l’ouragan Irma]

D’un point de vue général, les dommages les plus fréquents portent sur la dégradation des couvertures qui vont jusqu’à une destruction complète du toit. Ce type de dommage est lié au non-respect des normes cycloniques (partiellement) et des vents très violents au-dessus de ce que la norme prévoit.

Certains bâtiments sont indéniablement non parasismiques et non paracycloniques en raison de défaut de conception, de défauts de réalisation et par manque d’entretien ; En effet, l’absence de chaînages, la qualité des bétons insuffisante, les ferraillages corrodés, les enrobages des aciers inadaptés mettent en évidence des défaillances dans le contrôle des opérations de construction et dans l’entretien de certains bâtiments publics.

Les mesures d’urgence à mettre en place afin de réoccuper un maximum de logements très rapidement sont :

  • L’Étanchéité temporaire des couvertures par bâchage. Ces mesures sont impératives et à réaliser immédiatement, d’où l’envoi par la fondation d’un premier stock de bâches.
  • La pose de contreplaqué et ouvrage bois temporaire pour le remplacement des menuiseries extérieures s’avère également nécessaire.

Urbanisme :

  • Les règles de réduction des risques doivent être suivies en bord de mer en respectant un niveau inondable des constructions.
  • Mise en conformité parasismique et paracyclonique des bâtiments existants.

Communication de crise :

L’absence initiale de moyens de communication, comme une radio pouvant émettre sur la totalité de l’île ou la non utilisation de voitures haut-parleurs a laissé s’installer des rumeurs qui, reprises à distance par les médias, sont devenues des informations avérées.

Par ailleurs, les déclarations initiales affichant à tort, un taux de destruction de 95% (déclarations non démenties à ce jour) ont contribué à créer une demande supplémentaire d’évacuation en urgence et se révèlent de nature à nuire à la crédibilité des autorités.

Moyens déployés :

L’état a mis en place des moyens humains et matériels conséquents en fonction de l’ampleur de la crise humanitaire sur l’île de Saint martin.

Il aurait été bien qu’une évacuation préventive hors de l’île des populations les plus vulnérables soit mise en place dans les deux jours avant le passage de l’ouragan et non pas après.

Reconstruction :

  • La construction de cabanes (sous forme d’abris transitoires type shelter Haïti) doit être proscrite. Au cas par cas, un habitat modulaire transportable pourrait éventuellement régler le problème de relogement temporaire.
  • La priorité devrait être donnée aux bâtiments de coordination et de gestion des secours, aux abris cycloniques.
  • Créer des espaces refuges en dur (béton armé) dans les constructions légères.
  • Proscrire les baies vitrées de grande taille.
  • Interdire les niveaux habitables qui sont inondables en cas de vagues de submersion (ouragan et tsunami)
  • La reconstruction par des ingénieurs, des architectes et des entreprises qualifiées doit être privilégier plutôt que de laisser se déployer une auto construction non maîtrisée.

Architectes de l’urgence a déjà envoyé un premier stock de 12 000 m² de bâches le 16/09 à destination de Saint Martin pour couvrir en urgence les bâtiments. D’autres actions vont se mettre en place dans les prochaines semaines pour aider les populations des diverses localités affectées par cet ouragan.

Vous pouvez soutenir les efforts de la fondation en faveur des populations victimes de l’ouragan Irma en envoyant un don via le site Internet :   www.archi-urgent.com ou par chèque à Architectes de l’urgence – Urgence Irma – 73 Bd du Cange – BP 10421 – 80004 Amiens.

Découvrez les différents reportages et interviews dans le cadre de cette catastrophe.

 

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