Lettre d'informations de la fondation Architectes de l'urgence

1. Cartographie des projets – Mission NEPAL :

2. Résumé :

Le 25 Avril 2015, un tremblement de terre de magnitude 7.8 a frappé le Népal avec un épicentre situé entre le district de Lamjung et Gorkha à environ 81 km nord-est de Katmandou et à 15 km de profondeur.

Le 12 Mai 2015, le Népal a de nouveau été frappé par un second très puissant séisme de 7.3, puis par de nombreuses répliques de magnitude 4 et plus presque tous les jours. Ils ont laissé derrière eux plus de 8 500 morts et plus de 100 000 blessés. 39 des 75 districts du Népal ont été affectés dont 14 sévèrement.

De nombreux bâtiments au Népal se sont effondrés suite aux séismes. Quand ils ne sont pas totalement détruits, d’importants dommages ont été constatés et sont trop dangereux pour être utilisés.

Le gouvernement, via différentes entités, est actif dans la réponse à la crise. Cependant, il n’offre pour l’instant que des réponses temporaires (relief goods, « Temporary Learning Class », financement de solutions temporaires pour les écoles endommagées).
L’organisation d’une solution de long terme ne se fera qu’après plusieurs mois et après la période de mousson qui commence en mi-Juin et se finit en Octobre. Aucune reconstruction ne peut être entreprise hors de Katmandou pendant la mousson où des glissements de terrain sont fréquents bloquant les pistes d’accès aux villages de montagnes.

La Fondation Architectes de l’Urgence est arrivée au Népal dès le 29 avril 2015 dans un des avions affrété par le gouvernement français, et a effectué une cinquantaine d’évaluations de bâtiments dans différents districts du Népal, proche des épicentres, dont une vingtaine d’écoles dans la vallée de Katmandou afin de déterminer la dangerosité de ces dernières avant la reprise de l’école le 31 Mai 2015 prévue par le gouvernement.

A. ECOLES

Selon les dernières estimations, environ 32 145 salles de classes ont été détruites ou sérieusement endommagées, ce qui implique qu’1 million d’enfants n’ont pas de salle de classe depuis leur retour à l’école le 31 Mai. De plus, un total de 7 800 écoles aurait besoin d’être évaluées pour définir si les bâtiments sont dangereux ou aptes à être utilisés.

L’école, au Népal, est divisée entre un secteur privé pour les populations pouvant y avoir accès et un secteur public, gratuit, pour les plus pauvres. Les inégalités se ressentent fortement dans la qualité des enseignements mais également dans la qualité des infrastructures : les écoles publiques sont peu et mal entretenues. Les infrastructures scolaires avec des erreurs structurelles ont donc été très fortement touchées par le séisme.

Les équipes pédagogiques, ayant perdu leur lieu de travail, ne peuvent plus exercer correctement leur métier depuis le séisme. En plus de la souffrance que cela peut représenter, ils ont parfois été touchés personnellement par le séisme (perte d'un proche, destruction partielle ou complète de leur logement, etc.).

L’accès à l’école dans ces zones reculées est important pour l’élévation sociale et économique de tout le pays. Aujourd’hui, cet accès à la formation des jeunes et des enfants est mis en péril par l’absence de salles de cours en bon état. La sécurité des enfants est primordiale dans un contexte général où le danger de répliques et de nouveaux séismes est bien réel.

Le retour à l'école est une priorité pour les écoliers. Pour les parents, cela représente également une charge en moins pendant la journée, les enfants retournant pendant la moitié de la journée à l'école.

Architectes de l’Urgence a donc le projet de reconstruire plusieurs écoles dans la vallée de Katmandou et dans les districts de Dhading et Ramechhap. Cette reconstruction se fera dans une vraie logique de transferts de connaissances afin de permettre aux populations bénéficiaires d’avoir parmi elles des experts en construction parasismique et para-cyclonique (architectes, ingénieurs, ouvriers qualifiés…), ce qui sera très positif pour la reprise de l’activité économique et pour la réduction des risques face aux catastrophes futures.

L’expérience acquise ainsi que les diverses formations effectuées par les ingénieurs et architectes de SONA travaillant sur le projet va leur permettre d’avoir une action à long terme sur la construction au Népal tant au niveau local que national.

Ces infrastructures scolaires touchant un nombre important d’enfants doivent donc être réhabilitées ou reconstruites au plus tôt respectant les normes parasismiques et para-cycloniques, pour que les élèves puissent retourner à l’école dans des conditions décentes et sûres.

Grace au soutien du Ministère Français des Affaires Etrangères français, la fondation peut enfin commencer son premier projet au Népal : la reconstruction d’une école à Panchkhal-5 dans le district de Kavre, à 1h30 de route à l’Est de Katmandou, du nom de « Nava Prativa Secondary School ».

Cette école, composée de 10 salles de classes avant les séismes, accueillait 300 élèves de 3 à 16 ans. Tous les murs de cette construction ont été montés seulement de briques et de boues qui n’ont pas les caractéristiques nécessaires pour résister à des séismes ou des répliques quotidiennes qui ont lieu malheureusement au Népal. Nous avons également constaté que cette école gratuite requière une aide extérieure telle que la nôtre afin de pouvoir offrir à ses élèves des salles de classes décentes où apprendre est primordial pour l’épanouissement des enfants.

La FAU en concertation avec le département de l’éducation Népalais a décidé de faire de cette reconstruction permanente d’école un modèle réplicable tant en terme de conception (conformité avec les normes et les besoins de leur département mais aussi avec les normes parasismiques en vigueur) qu’en terme d’étroite collaboration avec les autorités concernées.

B. VILLAGES

Plus de 500 000 habitations ont été détruites et 269 000 endommagées, dont la majorité dans des régions reculées de montagnes difficilement accessibles. Ces populations sont obligées de vivre dehors sous des tentes, des bâches ou des abris temporaires qu’ils ont fait eux-mêmes de bois et de tôles de leur maison détruite afin d’être à minima protéger de la période de mousson en cours de mi-Juin à fin Septembre.

Depuis son arrivée au Népal le 29 Avril 2015, l’équipe de la Fondation Architectes de l’Urgence a été en mesure d’expertiser un certain nombre de villages ruraux qui confirment ses premières inquiétudes de destruction massive. En comparaison, à Katmandou, les dommages sont plus localisés à certains quartiers et sur des bâtiments de plusieurs niveaux avec des commerces au rez de chaussée qui se sont totalement effondrés sur eux-mêmes.

L’objectif de la fondation est donc d’aider à la reconstruction de ces villages, majoritairement démunis face à l’ampleur de la catastrophe, en apportant son savoir-faire reconnu en Haïti, au Pakistan et dans d'autres pays, afin de permettre à la population de retrouver son habitat habituel, mais enrichi des normes parasismiques. Conformément à ses principes d'action, la fondation propose de construire immédiatement durable, avec les matériaux locaux (dont 90% seront prélevés sur les ruines) en formant les spécialistes locaux et en faisant travailler la population locale. Il est également important de sauver et de conserver le patrimoine architectural vernaculaire qui a été affecté dans les villages en l’améliorant des techniques de construction parasismiques.

Au cours des 2 derniers mois, afin de pouvoir réaliser des projets de reconstruction parasismique durable et sûre de plusieurs types de bâtiments, si les fonds récoltés le permettent sachant que la demande est grandissante en raison de la période des pluies, l’équipe a pu évaluer complétement 6 villages dans différents districts du Népal montrant la diversité architecturale Népalaise dans des régions rurales reculées, mais aussi dans des villages de la vallée de Katmandou âgés de plus de 100 ans comme Panga et Sankhu.

1. Villages de Dhoneni, Baluwa, Mandre et Barpak dans le district de Gorkha (soit 2000 maisons à reconstruire hors infrastructures scolaires et médicales)

2. Villages de Ree Gaun VDC dans le district de Dhading (en commençant par 100 maisons à reconstruire hors infrastructures scolaires et médicales)

3. Villages de Kanigaon et Magarsalu dans le district de Sindhuli (reconstruction de 10 maisons et retrofitting de 10 maisons pour former la population aux techniques parasismiques)

4. Village de Gatlang dans le district de Rasuwa, Langtang (reconstruction du centre communautaire qui pourra servir en centre d’évacuation, et la réalisation d’un prototype de maisons pour former la population)

5. Village de Sankhu, à l’Est de Katmandou (Urbanisme, Design et Reconstruction des 1000 maisons du village architecturalement identiques mais parasismiques et d’un centre communautaire pouvant servir de centre d’évacuation en cas de nouvelle catastrophe)

6. Village de Panga, à l’Ouest de Katmandou (Solutions techniques pour le renforcement de maisons vernaculaires)

Dans les prochaines semaines, des évaluations sont prévues dans d’autres villages lourdement touchés par les séismes et les répliques à répétition demandant l’intervention de spécialistes de la reconstruction comme la Fondation Architectes de l’Urgence. Nous allons donc nous rendre bientôt dans le village de Laprak (Gorkha District), où la relocalisation du village est nécessaire en raison de glissements de terrain, et dans celui de Salmé (Nuwakot District) avec d’autres ONG intéressées pour monter un projet intégré modèle de « village vert ».

La Fondation Architectes de l’Urgence a réellement besoin du soutien de tous organismes publiques, privées et particuliers afin de pouvoir concrétiser ses expertises par des interventions concrètes sur le terrain et permettre au peuple Népalais en souffrance de se relever dignement de cette catastrophe dans laquelle ils ont tout perdu : leurs proches, leur habitat et leur réserves de semences et de cultures.

Pour poursuivre l'action engagée et débuter sans délai des projets de reconstruction, la fondation lance un appel aux dons, à la générosité publique, particuliers et entreprises, pour soutenir ses actions d’urgence au Népal et pour pouvoir rapidement mettre en œuvre des solutions de relogement pérennes et adaptées pour les victimes de ce terrible séisme népalais.