Préparation de nos projets de reconstruction à Hatay

Les équipes d’Architectes de l’Urgence sont à pied d’œuvre pour le lancement imminent de nos projets de construction et de reconstruction en Turquie !
Grâce à votre soutien et à la collaboration précieuse d’une association locale, nous nous apprêtons à concrétiser plusieurs projets dans la région d’Hatay sévèrement impactée par le séisme de février 2023.

Nous nous engageons à œuvrer main dans la main avec nos partenaires locaux pour reconstruire, rénover et améliorer les infrastructures essentielles qui ont été touchées. Ces projets comprennent la restructuration d’une coopérative agricole, la construction d’une librairie ainsi que le projet d’un centre communautaire pour venir en aide aux sinistrés.

À ce stade, et grâce à vous, nous savons que nous pouvons concrétiser 4 projets sur les 7 identifiés. Pour aller plus loin et permettre de les réaliser tous, votre soutien reste précieux.

Pour soutenir les actions de la Fondation

Reconstruction suite aux séismes en Turquie
L’analyse des Architectes de l’urgence

Suite au séisme du 6 février 2023, la Fondation Architectes de l’urgence, revient sur l’analyse du séisme constatée sur site, et notamment sur les problématiques liées au relogement d’Urgence et à la reconstruction.

Conséquences du séisme sur les constructions

L’ampleur exceptionnelle des deux séismes consécutifs du 6 février 2023, ont engendré des destructions dans un périmètre  d’environ 20 000 km², soit l’équivalent des trois quarts de la région Hauts-de-France.

Nous avons constaté sur site des mouvements de terrain particulièrement impressionnants sur les zones de faille, notamment lorsque celle-ci se situe sur des villages ou des secteurs construits. Dans ces cas, aucune construction ne peut résister.

Dans les fonds de Vallée, des destructions impressionnantes sont également visibles dans des secteurs très localisés, laissant présager une amplification des ondes sismiques par des sols particulièrement mous.

D’après la source d’information de l’AFAD sur les bâtiments, 47 000 immeubles ont été touchés à des degrés divers et plus de 211 000 maisons ont été détruites ou fortement endommagées, ce qui correspond à près de 12% des constructions dans les secteurs touchés. Il s’agit notamment de maisons en secteur rural.

Dans les zones urbaines, les constructions sont généralement composées de rez-de-chaussée utilisés comme commerce, avec cinq à dix niveaux de logements en partie supérieure. Nous avons constaté que ces immeubles sont parfois effondrés uniquement sur le rez-de-chaussée, phénomène engendré la plupart du temps par l’absence de contreventement et de renforcement au niveau du rez-de-chaussée, afin d’avoir une meilleure utilisation des surfaces commerciales. Ces bâtiments effondrés uniquement sur le rez-de-chaussée n’ont pas forcément engendré de pertes humaines importantes.

Néanmoins, les bâtiments de plusieurs niveaux qui se sont effondrés complètement, ont engendré des pertes humaines lourdes, expliquant alors le bilan dramatiquement élevé de cette catastrophe. Une réelle réflexion de construction d’immeubles de grande hauteur dans des zones sismiques identifiées se pose : la conception et la réalisation de bâtiments parasismiques dans ces zones se doivent d’être particulièrement soignées.

De plus, nous avons constaté que sur les zones de faille sismique apparente en surface, aucun bâtiment ne résiste ; il s’agit alors soit d’un effondrement, soit d’un basculement. Dans les deux cas de figure, le bâtiment doit être détruit entièrement. Hormis le fait de provoquer des pertes humaines, le danger de construire des bâtiments sur des zones de faille sismique est réel, et il faut absolument s’en éloigner de plusieurs centaines de mètres afin d’éviter tout risque en cas de nouveaux séismes.

Les leçons à retenir

Les grandes leçons à retenir de ce séisme sur la construction sont d’éviter les bâtiments de grande hauteur mais également de ne pas construire sur les zones de faille sismique. 

La polémique relative à l’effondrement de constructions très récentes est fondée sur quelques exemples particuliers qui ne font pas généralité. La majorité des bâtiments qui ont été détruits par le séisme sont des bâtiments qui ont été construits avant que les normes actuelles applicables soient en vigueur, et notamment après le séisme de 1999. Afin d’éviter l’effondrement de ces bâtiments, il aurait été préférable bien évidemment de faire des renforcements parasismiques, ce qui engendre des coûts importants mais apporte une solution satisfaisante. N’oublions pas que dans une région sismique comme le sud de la France et plus particulièrement sur le secteur de Nice, la problématique est exactement la même : les renforcements parasismiques des bâtiments que nous savons vulnérables sont à entreprendre à grande échelle. En effet, cette région est située sur une zone à fort risque sismique, et des drames humains pourraient être évités par ces procédés de renforcements.

La problématique des autorités turques va être de reloger d’urgence les populations qui ont été déplacées lors du séisme. La stratégie qui semble être mise en place est notamment la création de camps, composés de tentes ainsi que de préfabriqués qui, de manière temporaire, pourront pallier à l’absence de logement. Ces deux solutions temporaires sont les plus adaptées, évitant alors de créer un habitat précaire durable. Il est évident que les abris d’urgence utilisés dans les pays du tiers-monde et finissant en habitats précaires type bidonvilles ne sont pas des solutions acceptables.

Aujourd’hui, à l’heure du déblaiement des constructions effondrées et de la démolition des bâtiments affaissés sur les rez-de-chaussée, il est temps d’envisager une réelle stratégie de reconstruction. Réduire la hauteur des bâtiments dans les zones sismiques à cinq étages maximum serait une solution raisonnable et permettrait de ne pas trop augmenter l’étalement urbain. De plus, l’identification des lignes de faille est absolument fondamentale afin de déclarer ces zones non aedificandi. En effet, il est certain qu’en cas de construction sur des failles sismiques identifiées, ce n’est qu’une question de temps avant qu’un autre drame survienne.

Sur l’ensemble du bâti touché par le séisme, un grand nombre de bâtiments ont été affectés, mais peuvent être sauvés par des renforcements parasismiques adaptés. Ce travail est technique mais tout à fait réalisable ; il sera moins coûteux de faire du renforcement parasismique que de détruire et de reconstruire à neuf. C’est un des axes que les partenaires, aidant à la reconstruction, devront aborder puisque économiquement très intéressant. On peut considérer qu’un renforcement parasismique d’un bâtiment peut coûter de 10 à 30 % du coût de la construction d’un bâtiment neuf, auquel il faut ajouter la rapidité des délais d’exécution, ce qui n’est pas un détail lorsque, pendant ce temps, les habitants ont des difficultés de logement.

Aujourd’hui, il y a en fait deux urgences, l’une est de reloger le plus vite possible les populations qui ont été touchées par le séisme ; tandis que la seconde est de prévenir du prochain gros tremblement de terre attendu sur la région d’Istanbul en effectuant les renforcements des bâtiments qui peuvent l’être au plus vite afin d’éviter les pertes humaines que l’on imagine considérables. Cette campagne de renforcement parasismique des constructions est, à mon avis, absolument prioritaire. Elle pourrait permettre de sauver des vies et de réduire le coût de la reconstruction en cas de prochains séismes.

Coût estimatif de la reconstruction :

Sur la base de chiffres donnés par l’AFAD, il y a environ 47 000 bâtiments qui sont à reconstruire ou à renforcer de manière parasismique. La reconstruction des 24 921 bâtiments effondrés coûtera environ 16 milliards d’euros, il convient d’ajouter le renforcement parasismique de 22 080 bâtiment pour un total d’environ 5 milliards d’euros auquel s’ajoutera la reconstruction des 211 000 maisons qui sont totalement détruites, soit pour un total de plus de 10 milliards d’euros.

De ce fait, le coût total de reconstruction envisageable est de 31 milliards d’euros ; ce chiffre ne comprenant pas les infrastructures scolaires, ni les infrastructures de santé, les routes et ponts qui sont, eux aussi, à reconstruire.

Patrick Coulombel 
Co-fondateur des Architectes de l’urgence

06/02/2023 – France INFO – « Un séisme de magnitude 7,8 fait au moins 500 morts en Turquie et en Syrie, selon les premiers bilans »

06/02/2023 – Courrier Picard – « Séisme en Turquie et Syrie: l’Amiénois Patrick Coulombel (Architectes de l’urgence) craint le pire

06/02/2023 – France Bleu – « À Amiens, les Architectes de l’urgence prévoient une expédition après le séisme meurtrier en Turquie »

06/02/2023 – TF1 Infos/LCI – « Séisme en Turquie et en Syrie : « On va dénombrer plusieurs milliers de morts » »

06/02/2023 – Algérie 360° – « Séisme en Turquie : Tebboune ordonne l’envoie d’équipe de secours »

06/02/2023 – BFMTV – « Séismes en Turquie et Syrie: pourquoi sécuriser les bâtiments fragilisés est une priorité »

06/02/2023 – RTL – « Séisme en Turquie et en Syrie, le point sur la situation à la mi-journée »

06/02/2023 – C à Vous – Séismes : le calvaire des Turcs et des Syriens

06/02/2023 – France 3 Picardie – JT 19/20 Picardie – Émission du lundi 6 février 2023

07/02/2023 – France 24 – Turkey Syria Earthquakes race to find survivors as international aid pours in

07/02/2023 – France 2 – JT 20h

08/02/2023 – RTS – Les bâtiments face aux secousses de séismes – interview de Patrick Coulombel

09/02/2023 – Cnews – Où sont les zones sismiques en France

09/02/2023 – BFMTV – Le Dej Info

10/02/2023 – LCI – Tout est Pol

10/02/2023 – WEO – Infos des Hauts-de-France

12/02/2023 – Le Monde – Séisme en Turquie – la présence de nombreux immeubles hauts aggrave le bilan humain